Retraite anticipée en Suisse: ce que vous devez savoir

La plupart des caisses de pension autorisent un versement anticipé des prestations de vieillesse à partir de 58 ou 60 ans. Quant à la rente AVS, elle peut être perçue à partir de 63 ans.

Cette génération dite transitoire peut soit repousser l’âge de départ à la retraite et recevoir en contrepartie un supplément de rente AVS à vie, soit percevoir la rente AVS plus tôt et profiter d’une réduction moins importante de la rente. De plus, ces femmes peuvent anticiper leur rente dès l’âge de 62 ans.

Normalement, dans le système de prévoyance suisse, l’AVS combinée à la rente de la caisse de pension permettent de remplacer le revenu provenant de l’activité lucrative. Si le revenu professionnel vient à manquer avant l’âge ordinaire de la retraite AVS (appelé âge de référence), cela entraîne une lacune de revenu qu’il convient alors de combler. Il existe plusieurs possibilités:

Perception anticipée des prestations de la caisse de pension

Une personne qui perçoit ses prestations du deuxième pilier de manière anticipée dispose d’un capital de vieillesse inférieur à celui dont elle disposerait au moment de sa retraite ordinaire, étant donné qu’il lui manque des années de cotisation et des bonifications d’intérêts. De plus, le taux de conversion auquel l’avoir est converti en une rente à vie est lui aussi réduit. Les caisses de pension procèdent généralement à une réduction de 0,15 à 0,2 point de pourcentage par année de perception anticipée. En arrêtant de travailler deux ans plus tôt, on renonce donc facilement à plus de 10% de rente.

Perception anticipée de la rente AVS

Une anticipation de la rente AVS entraîne aussi une réduction de la rente à vie. Si le versement est anticipé de deux ans, la réduction atteint 13,6%. S’il est anticipé d’un an, la rente est réduite de 6,8%.

Par conséquent, l’anticipation est intéressante uniquement si l’on décède relativement tôt. De plus, l’anticipation des rentes a pour effet d’augmenter les cotisations AVS que doivent continuer à verser les préretraités (plus d’informations à ce sujet dans la suite de l’article). Les femmes de la génération transitoire bénéficient quant à elles de taux de réduction favorables.

Rente transitoire

De nombreuses caisses de pension permettent aux personnes en retraite anticipée de toucher une rente transitoire, qui leur évite de devoir percevoir la rente AVS de manière anticipée. Une telle rente est surtout intéressante lorsque l’employeur participe à son financement ou en cas d’espérance de vie fortement réduite. La plupart du temps, les préretraités doivent toutefois financer la rente transitoire eux-mêmes: les rentes versées sont en effet déduites de l’avoir épargné dans la caisse de pension. 

Autres possibilités de financement 

Si cela est possible, le mieux est de combler la lacune de revenu entre le moment de la retraite anticipée et l’âge ordinaire de la retraite avec ses économies personnelles, par exemple avec les avoirs du pilier 3a ou les avoirs de libre passage, que l’on peut en principe retirer jusqu’à cinq ans avant l’âge de la retraite AVS. Sont également indiqués les avoirs d’assurances vie constitutives de capitaux, à condition qu’ils arrivent à échéance pendant la période de retraite anticipée. Une résiliation anticipée de la police ne vaut souvent pas la peine, car elle engendre une perte. La valeur dite de rachat est généralement bien inférieure au capital total versé. 

Selon les cas, il est aussi possible d’augmenter son hypothèque et d’utiliser cet argent pour combler la lacune de revenu. Toutefois, de nombreuses banques refusent l’augmentation de l’hypothèque aux emprunteurs plus âgés au motif d’une capacité financière insuffisante.

L’obligation de cotiser à l’AVS ne s’éteint que lorsqu’on a atteint l’âge de référence. Par conséquent, quiconque prend une retraite anticipée doit continuer de payer des cotisations AVS. Il en va de même si l’on anticipe le versement de la rente AVS.

Important: l’AVS ne réclame pas automatiquement le paiement des cotisations aux personnes en retraite anticipée. Celles-ci doivent s’annoncer comme étant sans activité lucrative auprès de l’agence de leur commune de résidence si elles ne veulent pas risquer de lacunes de cotisation qui réduiraient leurs rentes. De plus, lorsqu’elle constate l’oubli, l’AVS peut facturer à titre rétroactif les cotisations des cinq dernières années – et avec des intérêts moratoires en sus allant jusqu’à 5%. 

Partir progressivement à la retraite ou exercer encore une activité à temps partiel après la retraite anticipée permet d’économiser en cotisations AVS. Généralement, l’obligation de cotiser est déjà remplie avec les cotisations AVS dues sur le revenu à temps partiel, de même que celle du conjoint.

Le fait de prendre sa retraite plutôt en janvier ou plutôt en décembre peut faire une grande différence sur le plan financier:

Versement dans le pilier 3a

Les actifs qui ne sont pas affiliés à une caisse de pension peuvent verser chaque année jusqu’à 20% de leurs revenus dans le pilier 3a, et au maximum 35'280 francs. Plus ces actifs décalent leur départ à la retraite tard dans l’année, plus ils gagnent de l’argent cette année-là, et plus le montant qu’ils peuvent cotiser au troisième pilier et déduire du revenu imposable est important.

Impôts sur le versement des avoirs de la caisse de pension

Lorsque l’on se fait verser son avoir de la caisse de pension ou une partie de celui-ci, le versement du capital est soumis à l’impôt l’année durant laquelle l’avoir est dû. L’avoir de la caisse de pension est normalement dû le jour suivant la fin des rapports de travail. Si le jour du départ à la retraite tombe un 31 décembre, le versement du capital ne sera imposé que l’année suivante. Cela peut avoir son importance, car en percevant les avoirs de libre passage, de la caisse de pension et du pilier 3a de manière échelonnée sur plusieurs périodes fiscales, on économise facilement plusieurs milliers de francs en impôts sur le versement du capital.

Cotisations AVS en cas de retraite anticipée

Les personnes qui optent pour une retraite anticipée doivent souvent verser plusieurs milliers de francs de cotisations AVS par année jusqu’à ce qu’elles atteignent l’âge ordinaire de la retraite AVS. Si l’on travaille au moins neuf mois durant l’année de la retraite anticipée et que le taux d’occupation est d’au moins 50%, l’obligation de cotiser à l’AVS est considérée remplie pour l’année en question et il n’y a pas de cotisations supplémentaires à verser.

Si l’activité lucrative est exercée durant moins de neuf mois, la caisse de compensation compare les cotisations dues en tant que personne sans activité lucrative à celles versées par le préretraité et son employeur sur le revenu provenant de l’activité lucrative. Si les cotisations sur le revenu de l’activité lucrative sont inférieures à la moitié des cotisations dues en tant que personne sans activité lucrative, l’obligation de cotiser n’est pas remplie.
De ce fait, le préretraité doit verser les cotisations pour personnes sans activité lucrative. Les cotisations déjà versées sur le revenu de l’activité lucrative sont prises en compte.

Les préretraités ne sont pas tenus de cotiser à l’AVS si leur conjoint exerce une activité lucrative au sens défini par l’AVS et verse annuellement au moins 1028 francs de cotisations à l’AVS (cotisations de l’employeur incluses).

À la retraite, on peut se faire verser son avoir en caisse de pension ou bien le toucher sous forme de rente. Il est aussi possible d’opter pour une combinaison des deux.

Le grand avantage de la rente est qu’elle est versée à vie. En revanche, la rente perdra de la valeur au fil des ans, car rares sont les caisses de pension qui compensent l’inflation. À raison d’une inflation annuelle de 2%, le pouvoir d’achat passe en 10 ans de 3000 francs à environ 2450 francs.

Même lorsqu’on prend sa retraite à l’âge ordinaire, les rentes de l’AVS et de la caisse de pension ne suffisent généralement pas à assurer le niveau de vie habituel. Une retraite anticipée aggrave encore le problème. De nombreux futurs retraités sont contraints de retirer au moins une partie de leur avoir sous forme de capital s’ils veulent avoir un revenu suffisant durant leur retraite.

Que l’on choisisse la rente ou le capital, il s’agit là d’une décision définitive qui impactera la qualité de vie future. Il est donc primordial de bien se préparer. Soupesez bien les opportunités et les risques de chaque forme de perception et établissez un plan financier. Un tel plan permet de voir quelles sont les répercussions à long terme de la perception de la rente ou du versement du capital. Cela aide énormément à prendre la bonne décision.

Partir à la retraite à 64 ans plutôt qu’à 65 coûte environ un an de salaire. La personne en préretraite est privée d’un salaire annuel, corrigé des impôts sur le revenu, qui sont moins élevés, et des cotisations AVS pour personnes sans activité lucrative à verser jusqu’à l’âge ordinaire de la retraite. De plus, les montants des rentes AVS et de la caisse de pension seront réduits à vie en raison du retrait anticipé.

Si l’homme célibataire de notre exemple prend sa retraite anticipée à 64 ans, les coûts engendrés avoisineront 92'000 francs (voir tableau). S’il prend sa retraite à 62 ans, ils atteindront 273'000 francs.

De plus en plus de caisses de pension offrent la possibilité de compenser une réduction des prestations due à une retraite anticipée par des rachats volontaires. Les assurés qui ont déjà racheté l’intégralité des prestations ordinaires du deuxième pilier peuvent alors effectuer des rachats additionnels en vue d’une retraite anticipée.

Les prestations de vieillesse supplémentaires ne doivent toutefois pas dépasser de plus de 5% les prestations de vieillesse versées en cas de retraite ordinaire. Un assuré qui effectue des rachats en vue d’une retraite anticipée mais qui part finalement en retraite plus tard que prévu risque de dépasser ce plafond de prestations. En effet, ajourner son départ à la retraite implique la poursuite du paiement des cotisations du deuxième pilier et une augmentation du taux de conversion en rentes. Avant de recourir à ce type de rachat, demandez à votre caisse de pension ce qu’il advient du capital versé en trop. Celui-ci revient généralement à la caisse de pension.

Si vous souhaitez réduire progressivement votre taux d’occupation, vous pouvez aussi anticiper une partie seulement de la rente AVS et/ou de la rente de la caisse de pension. Il est possible d’anticiper la rente en trois étapes maximum entre l’âge de 63 et de 70 ans. Dans de nombreuses caisses de pension, les retraites partielles sont possibles dès l’âge de 58 ou de 60 ans.

Arrêter progressivement de travailler coûte bien moins cher que de prendre une retraite anticipée. Exemple: un homme disposant d’un revenu annuel de 120'000 francs verra ses rentes réduites d’environ 160'000 francs s’il arrête complètement de travailler à 63 ans. Mais s’il réduit son taux d’occupation à 50%, la réduction ne représentera que le quart de cette somme (voir tableau ci-dessous) – et ce sans tenir compte du fait que la retraite partielle lui procurera un salaire réduit pendant deux ans encore.

D’un point de vue fiscal, une retraite partielle peut également être intéressante, car il est ainsi possible de cotiser plus longtemps au pilier 3a. Et si l’on retire son avoir épargné dans la caisse de pension de manière échelonnée, on économise encore plus d’impôts.

Lorsqu’une entreprise diminue ses effectifs, les collaborateurs les plus âgés sont souvent les premiers touchés, se voyant contraints de prendre une retraite anticipée. Les personnes concernées devraient examiner soigneusement toutes les options possibles pour ce qui est de leur avoir de caisse de pension afin que les pertes de revenus ne soient pas trop importantes à la retraite. Elles ont le choix entre rester assurées auprès de leur caisse de pension actuelle, percevoir la rente de manière anticipée, ou transférer leur avoir de vieillesse sur un compte de libre passage. 

Certains employeurs atténuent les conséquences financières d’une retraite anticipée involontaire en versant à leurs employés une indemnité de départ. Selon les cas, il peut être judicieux de verser l’indemnité de départ dans la caisse de pension.