Investissements

Prix du pétrole à la hausse – quelles conséquences pour la conjoncture?

En réaction aux frappes israéliennes contre l’Iran, le prix du pétrole a bondi, enregistrant une augmentation atteignant parfois 15%. L’économiste en chef de VZ Christoph Sax analyse les faits et les risques qui en découlent.

Christoph Sax
Économiste en chef
Publié le
18 juin 2025

Actuellement, le prix du baril de Brent est repassé au-dessus de 76 dollars. En règle générale, une hausse du prix du pétrole a un impact négatif sur l’économie. En effet, cela entraîne un renchérissement des coûts de production, qui peut à son tour se traduire par une hausse des prix des biens de consommation et une baisse du pouvoir d’achat.

Face à de tels risques, il est d’autant plus important de considérer l’évolution des prix dans un contexte global. La récente hausse du prix du pétrole n’a fait que combler l’écart ouvert début avril par le "Liberation Day" annoncé par le président américain Donald Trump (voir graphique).

À ce moment-là, le prix du pétrole avait dégringolé, car on craignait un ralentissement de la conjoncture en raison de l’introduction de droits de douane à l’importation. Ajoutons à cela que le prix du pétrole n’est pas encore à un niveau très élevé en comparaison historique. Il y a trois ans, il fallait parfois payer plus de 120 dollars pour un baril, soit environ 50% de plus qu’aujourd’hui.

L’économie mondiale serait donc en mesure de supporter une nouvelle hausse du prix du pétrole. Même un prix durablement supérieur à 120 dollars ne plongerait pas l’économie mondiale dans la récession: l’intensité pétrolière de l’économie a diminué d’environ 40% au cours des 25 dernières années, d’une part grâce à une plus grande efficacité et d’autre part du fait de l’utilisation de sources d’énergie alternatives. Si l’on tient compte de l’inflation, la dépendance au pétrole a diminué encore davantage.

Le détroit d’Ormuz, passage maritime entre l’Iran et les pays du Golfe, joue également un rôle important dans l’évolution des prix du pétrole. Environ 20% des expéditions mondiales de pétrole transitent par cette route. Si l’Iran bloquait cette voie maritime, cela pourrait avoir un impact considérable sur le prix du pétrole et donc sur l’économie mondiale.

On peut donc se demander si un tel scénario est réaliste. Les principaux alliés de l’Iran sont la Russie et la Chine, cette dernière étant le plus grand acheteur de pétrole iranien. Pékin n’a donc aucun intérêt à ce qu’il y ait des retards de livraison ou à ce que les prix augmentent. La Russie, pour sa part, a besoin du matériel de guerre iranien. Si la situation s’envenimait, cela compliquerait la coopération.

Les États du Golfe ne toléreraient pas davantage un blocage du détroit d’Ormuz. Si cela devait malgré tout se produire, les États-Unis pourraient intervenir et entraîner à terme la chute du régime de Téhéran. Le blocage du détroit d’Ormuz par l’Iran devrait donc rester une menace en l’air – le régime iranien risquerait sinon de mettre son existence en danger.

Autres nouvelles économiques    

Nouvelle baisse des taux de la BNS

La Banque nationale suisse (BNS) annoncera demain jeudi ses décisions de politique monétaire. Il est quasi certain qu’elle procédera à une nouvelle baisse de son taux directeur. Pour l’heure, reste à savoir si le taux directeur tombera à 0% ou basculera dans le négatif.

Vers une stabilisation des prix de l’énergie

L’UE cherche, avec les États-Unis, à éviter une forte hausse des prix de l’énergie due au conflit entre Israël et l’Iran. Elle a abordé le sujet avec le président américain Donald Trump et ils sont prêts à se concerter avec des partenaires partageant les mêmes idées afin de garantir la stabilité des marchés, a déclaré la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen avant le sommet du G7 au Canada. Elle n’a toutefois pas précisé quelles mesures étaient envisagées pour lutter contre les fortes fluctuations des prix. En théorie, les réserves stratégiques de pétrole pourraient être libérées ou il faudrait chercher le dialogue avec les principaux pays exportateurs de pétrole.

Recul des ventes au détail aux États-Unis

Les ventes au détail ont décliné plus qu’attendu en mai aux États-Unis. Les bénéfices ont reculé de 0,9% par rapport au mois précédent. En avril, les ventes ont reculé de 0,1% en pourcentage révisé, alors qu’une hausse de 0,1% avait été annoncée dans un premier temps. Les chiffres d’affaires des commerces de détail tiennent lieu d’indicateur de la bonne santé de la consommation des ménages, qui joue un rôle particulièrement important dans la croissance de la première économie mondiale.