Placements

L’inflation restera supérieure à l’objectif de la BNS encore un moment

Malgré la baisse sensible de l’inflation ces derniers temps, elle continuera à peser sur la Suisse pendant encore longtemps.

Corentin Du Marchie
Spécialiste en placements

En Suisse, la hausse des prix devrait légèrement réaccélérer d’ici la fin de l’année. Le taux de renchérissement s’établit actuellement à 1,6%. La Banque nationale suisse (BNS) s’attend à ce que l’inflation remonte à 2,2% l’année prochaine.

Ce sursaut des prix tient essentiellement à deux raisons: tout d’abord, les coûts de l’énergie remontent à l’approche de la fin d’année. Ensuite, les hausses de loyers influent sur les chiffres de l’inflation. Après l’augmentation du taux d’intérêt de référence hypothécaire en juin, la plupart des loyers devraient avoir été adaptés début octobre, ce qui aura un impact sur l’évolution du taux d’inflation dans les mois à venir.

La bonne nouvelle, c’est que l’effet de la hausse des loyers dans les chiffres de l’inflation ne déclenchera plus de spirale des prix. Selon les estimations de la BNS, le taux de renchérissement devrait redescendre en 2025 en-dessous de l’objectif à long terme fixé à 2,0%. En effet, le ralentissement conjoncturel, qui pourrait être plus marqué que prévu, devrait alléger la pression sur les prix.

La semaine dernière, le groupe d’experts du Secrétariat d’État à l’économie (Seco) a également actualisé ses prévisions conjoncturelles pour 2023 et 2024: l’expansion économique devrait être plus importante que prévu cette année. Le groupe d’experts a donc revu à la hausse ses prévisions, de 1,1% à 1,3%, mais les a abaissées de 1,8% à 1,6% pour 2024. En résumé, l’économie suisse est bel et bien en croissance, mais sa progression est inférieure à sa moyenne historique.

Ces attentes ont également influencé le marché actions suisse ces dernières semaines, notamment le segment des petites capitalisations (small caps). Elles pourraient également avoir joué un rôle dans la décision de la Banque nationale suisse (BNS) qui, de manière assez surprenante, a maintenu son taux directeur inchangé à 1,75% jeudi dernier. Beaucoup d’observateurs avaient parié sur une nouvelle hausse à 2,0%. En outre, l’autorité monétaire a laissé entendre qu’elle aurait relativement peu besoin d’intervenir dans les mois à venir.

En effectuant une pause dans son cycle de resserrement monétaire, la BNS est en excellente compagnie: quatre des cinq grandes banques centrales des pays industrialisés ont dernièrement laissé leur taux directeur inchangé, signe que le cycle de resserrement monétaire mondial touche à sa fin. 

Autres actualités économiques

La menace d’un défaut de paiement plane de nouveau sur les États-Unis

Les États-Unis sont à nouveau au bord du défaut de paiement, cette fois-ci non pas en raison de l’atteinte du plafond de la dette, mais parce que le Congrès, qui en détient la compétence, ne parvient pas à s’accorder sur le budget de l’année fiscale qui démarre au 1er octobre. La Chambre des représentants doit d’abord présenter une proposition pour les douze budgets individuels qui donnent ensuite lieu au budget global. Ensuite, les démocrates élus au Sénat doivent l’approuver. Mais les républicains siégeant à la Chambre des représentants ne parviennent déjà pas à se mettre d’accord sur un certain nombre de questions, notamment l’aide à l’Ukraine, la gestion du budget de l’enquête dirigée contre Donald Trump ou encore le déficit budgétaire. Toutefois, une solution provisoire jusqu’au 17 novembre semble en vue.

L’inflation devrait nettement reculer en Allemagne

Les économistes estiment que les prix à la consommation allemands n’ont augmenté en moyenne que de 4,6% en septembre. Il s’agirait donc de la plus faible hausse depuis février 2022 et d’un net recul par rapport au mois d’août (6,1%). Cette évolution tient notamment au billet de train à 9 euros et au rabais à la pompe introduits par le gouvernement allemand en juillet et août 2022. Les premières estimations officielles de l’Office fédéral allemand de la statistique seront publiées jeudi.

La Direction générale de la BNS accueille un nouveau membre

Un nouveau membre viendra prochainement compléter la Direction générale de la Banque nationale suisse. Antoine Martin prendra la succession d’Andréa Maechler, qui avait annoncé son départ en juin. Le Vaudois de 54 ans est Financial Research Advisor on Financial Stability Policy Research à la Fed de New York. L’économiste prendra ses fonctions début 2024.