Retraite

Non au vol insidieux des rentes!

Les Suisses des jeunes générations devraient se réjouir de voir le niveau des rentes baisser, affirme le journaliste économique Markus Städeli. Il explique ici les raisons de ce point de vue peu orthodoxe.

Portrait von Markus Städeli

Monsieur Städeli, vous avez récemment écrit: "Plus le taux de conversion est bas, mieux c’est!" N’est-ce pas une provocation pour les futurs retraités de ce pays?

Pas du tout! Je parle ici de la génération des moins de 50 ans. Ma conviction est que plus le taux de conversion baissera rapidement, mieux ils vivront à l’âge de la retraite.

Livre

Mode d'emploi Retraite

Des réponses simples et compréhensibles à vos questions sur la retraite.

Pourquoi le pensez-vous?

Si les avoirs de prévoyance des générations précédentes sont convertis en rentes à des taux moins élevés, les produits de mon épargne seront moins ponctionnés à des fins de subventionnement croisé.

Vous critiquez la redistribution des jeunes vers les plus âgés.

Ce vol des rentes est injuste! Un mélange toxique de taux bas, d’espérance de vie en hausse et d’âge de la retraite irréaliste fait que depuis des années, des milliards sont redistribués des actifs aux retraités. Sur mon certificat de caisse de pension, rien n’indique combien je perds à cause de la redistribution. Ce vol se fait insidieusement, en abaissant la rémunération de l’épargne. Cela réduit quasiment à néant l’effet des intérêts composés et les jeunes générations se voient dépossédées de montants colossaux.

Avez-vous un exemple?

Une personne qui a économisé 200'000 francs disposera d’environ 360'000 francs à sa retraite, dans une vingtaine d’années, si son avoir est rémunéré à 3 %. Avec une rémunération de 1 %, elle n’aura que 245'000 francs. C’est presque un tiers de moins et cet argent lui fera défaut à la retraite.

Que conseillez-vous aux actifs qui prendront leur retraite dans quelques années?

Ils doivent garder les yeux ouverts et suivre l’évolution de leurs économies et de leur rémunération sur leur certificat de caisse de pension. En revanche, la rente projetée au jour d’aujourd’hui est pure spéculation, car il est probable qu’à l’avenir, nous pourrons travailler nettement plus longtemps que 64 ou 65 ans, par exemple. De plus, il est peu vraisemblable que les jeunes actifs restent auprès du même employeur jusqu’à leur retraite. Si le taux de conversion est très bas lorsqu’ils prendront leur retraite, ils devront se demander combien ils peuvent percevoir sous forme de capital – et s’occuper ensuite de le faire fructifier. Autre certitude: si on en a la possibilité, il faut commencer de bonne heure à se constituer un troisième pilier.

Mais les comptes 3a ne sont eux aussi presque plus rémunérés …

C’est vrai. Aujourd’hui, plutôt que d’ouvrir un compte 3a, on peut investir dans des titres, par exemple avec des ETF et des fonds indiciels peu coûteux. C’est un choix judicieux, car lorsque on place de l’argent à long terme, on peut prendre plus de risques et donc améliorer le rendement.

À son sujet

Markus Städeli est journaliste à l’hebdomadaire alémanique NZZ am Sonntag depuis 2007. Il a étudié l’économie d’entreprises et a débuté son activité de journaliste pendant ses études. Par le passé, il a également écrit pour la Basler Zeitung, Cash et la Handelszeitung.