Caisse de pension

Des montants colossaux sont redistribués

 "Le deuxième pilier est en train de dérailler", affirme Josef Bachmann, ancien gérant de la caisse de pension de PwC. Il est urgent de discuter du problème.

Portrait von Josef Bachmann

Monsieur Bachmann, vous avez longtemps dirigé une caisse de pension. Selon vous, quel est le meilleur moment pour la retraite?

J’ai pris une retraite anticipée … à l’âge de 67 ans.

Anticipée? Vous avez pourtant travaillé plus longtemps!

Je vois les choses autrement. La loi sur la prévoyance professionnelle est entrée en vigueur voilà bientôt 35 ans. Depuis, l’espérance de vie a augmenté de cinq ans: nous devrions donc, logiquement, travailler jusqu’à 70 ans. Et dans le même temps, les règles du jeu ont évolué insidieusement. C’est ce qui a fait dérailler le deuxième pilier.

Qu’entendez-vous par là?

Les caisses de pension prévoient que chaque assuré finance lui-même, avec son employeur, le capital nécessaire pour sa retraite. Mais aujourd’hui, les fonds épargnés ne suffisent plus: les rentes doivent être versées toujours plus longtemps, et comme les rendements sont faibles, le capital de prévoyance fructifie moins vite que prévu. Les promesses de rentes sont trop élevées et nous obligent à injecter des fonds en permanence. Personne n’a voulu en arriver là.

Fiche technique

Découvert dans la caisse de pension

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De quels montants parle-t-on?

Année après année, 7 milliards de francs environ sont redistribués des actifs aux retraités. C’est presque un quart des rentes versées! Ce subventionnement croisé est injuste. Qui paie aujourd’hui pour les autres, recevra demain encore moins de rentes.

Vous faites allusion aux taux de conversion en baisse.

Tout à fait. Le taux de conversion détermine comment le capital sera converti en rente. La réduction de ce taux fait des actifs actuels de futurs rentiers de seconde classe. Nous devons donc agir tant que des solutions modérées sont encore possibles.

En quoi consisterait une solution modérée?

Il n’y a pas de recette universelle, mais je suis convaincu que l’âge de la retraite doit s’adapter à l’espérance de vie. De plus, les réformes à venir devraient répartir le fardeau financier en le faisant peser à la fois sur les épaules des actifs et des retraités. Une possibilité serait de diviser les rentes en une partie fixe et un bonus variable. Si le rendement augmente, le bonus aussi. Sinon, il diminue. Ainsi, le taux de conversion serait déterminant seulement au début du paiement de la rente. Ensuite, c’est le rendement qui serait décisif.

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Ces propositions seront loin de faire l’unanimité!

Nous devons quand même en parler au plus vite. Si, déjà, les Suisses comprennent l’enjeu qui se cache derrière les milliards de francs redistribués des actifs aux rentiers, nous aurons fait un grand pas en avant.

À son sujet

Josef Bachmann était gérant de la caisse de pension de la société PwC. Son modèle, qui prévoit d’adapter le montant des rentes en cours à la situation financière, a fait couler beaucoup d’encre. M. Bachmann a lancé l’initiative "Prévoyance oui – mais équitable".