Zurich (awp) - Le titre du fabricant de panneaux photovoltaïques Meyer Burger était réduit à peau de chagrin vendredi à la Bourse suisse, au lendemain de l'arrêt de sa production aux Etats-Unis. Cette fermeture pourrait sceller le sort du groupe de Gwatt, qui misait sur son usine Goodyear en Arizona pour rebondir.
Vers 10h10, l'action Meyer Burger s'effondrait de 23,3% à 1 franc. "La fin approche", sentencie Bernd Laux de la Banque cantonale de Zurich (ZKB), et "pour l'actionnaire il ne restera rien". Face à un gouvernement américain qui projette de moins, voire de ne plus du tout, promouvoir l'énergie solaire et qui veut retoquer sa loi sur la réduction de l'inflation (IRA) fixant initialement des investissements dans les renouvelables, Meyer Burger se retrouvait dans une impasse, pointe l'analyste.
L'entreprise des rives du lac de Thoune a décidé jeudi de cesser définitivement et avec effet immédiat la production de modules solaires aux Etats-Unis qui se trouvait encore en phase de démarrage. Les 282 collaborateurs de l'usine ont été licenciés. Des discussions seraient encore en cours sur la restructuration avec un groupe composé de représentants des détenteurs d'obligations (emprunts convertibles) arrivant à échéance en 2027 et 2029, a indiqué Meyer Burger dans un communiqué, précisant que les détails seront fournis en temps voulu.
"La restructuration ne porte vraisemblablement plus que sur la vente éventuelle d'actifs, qui sont toutefois probablement presque entièrement mis en gage, et de propriété intellectuelle", subodore Bernd Laux. "Le produit potentiel de la vente ne suffira pas à couvrir l'ensemble des dettes de Meyer Burger, estimées à 400 millions de francs nets. L'actionnaire ne recevra par conséquent rien."
Début novembre, le groupe disait espérer pouvoir rebondir d'ici 2026, grâce au lancement de ses activités aux Etats-Unis. La direction misait sur son site de Goodyear, en Arizona, respectivement la mise en service de la deuxième ligne de production prévue pour la fin de l'année, espérant dégager dès 2026 un chiffre d'affaires annuel entre 350 et 400 millions de francs et un Ebitda d'environ 70 millions.
Cette fermeture suit celles des sites américain de Colorado Springs et allemand de Freiberg, annoncées en septembre dernier. Dans sa dernière usine encore opérationnelle à Thalheim, en Allemagne, Meyer Burger a introduit le chômage partiel pour ses quelques 300 collaborateurs qui y travaillent.
Le groupe, qui prévenait mi-avril avoir besoin de temps pour chiffrer ses pertes, estimait son déficit brut d'exploitation (Ebitda) à 210,4 millions de francs, quand le chiffre d'affaires avoisinait les 70 millions, selon des résultats préliminaires. A titre de comparaison, les recettes s'étaient élevée en 2023 à 135 millions et le déficit opérationnel atteignait 163,6 millions.
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