Madrid (awp/afp) - Le gouvernement espagnol a donné son feu vert mardi à l'offre publique d'achat (OPA) du géant bancaire BBVA sur sa concurrente Sabadell, mais avec des conditions fortement durcies, afin d'éviter les problèmes que cette concentration pourrait poser en termes de concurrence.
"Le Conseil des ministres a décidé d'autoriser l'opération" mais "à condition que les deux entités conservent pendant trois ans une personnalité juridique et un patrimoine distincts, ainsi qu'une autonomie dans la gestion de leurs activités", a assuré le ministre de l'Economie Carlos Cuerpo lors d'une conférence de presse.
Cette mesure, qui empêchera toute fusion effective entre les deux groupes durant cette période, vise à garantir le maintien d'un niveau de financement élevé pour les entreprises et les consommateurs. Elle cherche également à éviter des réductions de poste drastiques et les fermetures d'agence, précise le ministère.
"Il s'agit de critères d'intérêt général", a insisté M. Cuerpo, en précisant que le gouvernement pourrait prolonger de deux ans la periode durant laquelle les deux groupes bancaires devront conserver des personnalités judiridiques séparées si ces critères n'étaient pas satisfaits.
Ces conditions s'ajoutent à celles déjà imposées fin avril par le gendarme de la concurrence espagnol (CNMC). Elles doivent désormais être examinées par BBVA, deuxième banque espagnole, qui pourrait lancer formellement l'opération mi-juillet si elle juge tenables les exigences de l'exécutif.
Annoncée en mai 2024, l'offre d'acquisition présentée par BBVA valorise sa concurrente Sabadell à près de 16 milliards d'euros. Elle doit permettre de créer un géant bancaire européen capable de rivaliser avec les mastodontes du secteur, comme Santander, BNP Paribas et HSBC.
Cette OPA a suscité une levée de boucliers en Catalogne, région d'origine de Sabadell, attachée au maintien d'une banque catalane indépendante, mais aussi chez les syndicats, les PME et les associations de consommateurs, qui craignent une réduction du nombre d'agences et d'importantes suppressions de postes.
Le gouvernement, qui avait lancé début mai une consultation publique sur l'opération, ne pouvait pas à proprement parler bloquer l'opération. Mais il pouvait décider de renforcer les mesures correctives à un niveau suffisamment élevé pour pousser BBVA à jeter l'éponge.
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