Investissements

Le dynamisme du marché du travail américain tempère les prévisions en matière de taux

La robustesse du marché du travail aux États-Unis est l’une des raisons pour lesquelles la banque centrale américaine (Fed) reste frileuse à la perspective de baisser les taux.

Christoph Sax
Économiste en chef
Publié le
11 avril 2024

Les données du mois de mars ne sont pas parvenues à raviver l’espoir de baisses prochaines. En effet, l’emploi hors agriculture a augmenté bien plus fortement qu’attendu. 303'000 nouveaux emplois ont été créés en mars (voir graphique).

Les experts interrogés n’en prévoyaient que 214'000. En outre, les créations d’emplois ont été revues à la hausse pour les deux mois précédents (révision de 22'000 embauches au total). 

La croissance de l’emploi a été soutenue par une accélération de l’embauche dans les secteurs de la santé, des loisirs, de l’hôtellerie et de la construction. En conséquence, le taux de chômage a un peu reculé au mois de mars. Il a baissé de 0,1 point de pourcentage, pour s’établir à 3,8%. Au vu de ces données, il semble qu’une fin de la pénurie de main d’œuvre ne soit pas encore en vue aux États-Unis. Les salaires horaires ont eux aussi augmenté. Sur un an, ils ont progressé de 4,3%.

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Si l’on observe la croissance salariale sur un mois, on constate une nouvelle accélération de l’inflation salariale. Durant la pandémie de coronavirus, de nombreux postes à bas salaire ont disparu. De ce fait, la croissance salariale moyenne a rapidement augmenté. Depuis, le taux de chômage est si bas que les employeurs américains bataillent pour embaucher et doivent payer des salaires plus élevés.

Pour le moment, la Fed devrait certainement rester passive et observer si cette évolution peut à nouveau attiser l’inflation. Les marchés considèrent désormais qu’il n’y a que 50% de chance qu’une baisse des taux ait lieu en juin aux États-Unis – contre 70% il y a encore deux semaines. Ainsi, la politique de la banque centrale américaine va continuer de focaliser l’attention des investisseurs.

Autres nouvelles économiques    

Nouveau recul de l’inflation en Suisse

Au mois de mars, le renchérissement en Suisse est tombé à 1,0% en base annuelle. C’est son niveau le plus bas depuis septembre 2021. L’inflation avait atteint sa valeur la plus haute, 3,5%, à l’été 2022. En juin 2023, elle passait à nouveau sous la barre des 2% pour la première fois depuis janvier 2022. Les prix ayant principalement augmenté sont ceux du logement et de l’énergie ainsi que ceux des restaurants et des hôtels. Les prix des biens importés, des équipements ménagers, de l’alimentation et des boissons non alcoolisées ont quant à eux baissé.

La hausse des prix dans la zone euro ralentit encore

Dans la zone euro aussi, l’inflation recule. Par rapport à la même période de l’année écoulée, le renchérissement a atteint 2,4% en mars, une valeur inférieure aux prévisions des experts. La montée des prix a surtout ralenti dans le secteur de l’alimentation. Le recul des prix de l’énergie n’a toutefois pas été aussi marqué qu’au cours des mois précédents, et la hausse des prix des services s’est maintenue à 4%. Néanmoins, du point de vue de la Banque centrale européenne, les arguments en faveur d’un abaissement des taux d’intérêt gagnent du terrain.

La Banque du Japon prête pour de nouvelles hausses de taux

La banque centrale du Japon vient d’abandonner récemment les taux d’intérêt négatifs. Dès lors, elle pourrait bien relever une nouvelle fois ses taux: le gouverneur de la Banque centrale Kazuo Ueda a laissé entendre dans une interview qu’une nouvelle augmentation des taux pourrait être adoptée dans les mois à venir. Il entend ainsi lutter contre la hausse de l’inflation surtout attisée par la dépréciation du yen.